Catéchisme d’Adultes Café ThéoKT

Rencontre du 15 mai 2022

 

Pour préparer la rencontre du 28 mai 2023 :

« La morale technicienne »

 
Café et bible Lire Marc ch.2,v.22-28

 

Les textes  
  • Marc ch.2, v.22-28

    22 Personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres; sinon, le vin fera éclater les outres, et l’on perd à la fois le vin et les outres; mais à vin nouveau, outres neuves.»

    23 Or Jésus, un jour de sabbat, passait à travers des champs de blé et ses disciples se mirent, chemin faisant, à arracher des épis.

    24 Les Pharisiens lui disaient: «Regarde ce qu’ils font le jour du sabbat! Ce n’est pas permis.»

    25 Et il leur dit: «Vous n’avez donc jamais lu ce qu’a fait David lorsqu’il s’est trouvé dans le besoin et qu’il a eu faim, lui et ses compagnons,

    26 comment, au temps du grand prêtre Abiatar, il est entré dans la maison de Dieu, a mangé les pains de l’offrande que personne n’a le droit de manger, sauf les prêtres, et en a donné aussi à ceux qui étaient avec lui?»

    27 Et il leur disait: «Le sabbat a été fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat,

    28 de sorte que le Fils de l’homme est maître même du sabbat.»

    « Le sabbat est fait pour l’humain, et non l’humain pour le sabbat » (La puissance technique est faite pour l’humain et non l’humain pour la puissance technique) (L’évangile de Marc, ch.2, v.27)

  • Luc Ferry

    Dans la science moderne, la volonté de maîtrise de l’Univers s’articule encore à des objectifs extérieurs à elle, si bien qu’elle ne prend pas uniquement en considération les moyens au détriment des fins.

    Pour que notre vision du monde devienne résolument technicienne, il faut que la volonté cesse de viser des fins extérieures à elle pour se prendre pour ainsi dire elle-même comme objet. C’est là, selon Heidegger, ce qui advient, dans l’histoire de la pensée, avec la doctrine nietzschéenne de la « volonté de puissance », et dans la réalité avec l’avènement d’un monde où le « progrès » est devenu un processus automatique et définalisé. Dans l’univers technicien (où le phénomène technique est devenu planétaire), le projet de maîtriser le réel cesse d’être moyen pour réaliser des objectifs supérieurs, mais il devient une fin en soi. Il ne s’agit plus de dominer la nature ou la société pour être plus libre et plus heureux, mais de maîtriser pour maîtriser, de nominer pour dominer. Pourquoi ? Pour rien, justement, ou plutôt, parce qu’il est tout simplement impossible de faire autrement dans un monde de compétition universelle.

  • Nietzsche

    « La vie […] tend à la sensation d’un maximum de puissance ; elle est essentiellement l’effort vers plus de puissance ; sa réalité la plus profonde, la plus intime, c’est ce vouloir. »

    « La volonté de puissance ne peut se manifester qu’au contact de résistances ; elle recherche ce qui lui résiste. » (FP, XIII, 9 [151])

    « L’essence la plus intime de l’être est la volonté de puissance. » (FP, XIV, 14 (80))

    « Les physiologistes devraient réfléchir avant de poser que, chez tout être organique, l’instinct de conservation constitue l’instinct cardinal. Un être vivant veut avant tout déployer sa force. La vie même est volonté de puissance, et l’instinct de conservation n’en est qu’une conséquence indirecte et des plus fréquentes » (Nietzsche, Par delà bien et mal, 13)

    En morale

    Nietzsche s’oppose également, par cette notion de « Volonté de puissance », aux philosophies faisant du bonheur le Bien Suprême, et de sa recherche le but de toute vie, et notamment aux philosophies eudémonistes antiques comme l’épicurisme – qui ne parvenaient pas à expliquer la persistance du mal – en tête. Cette position se retrouve notamment dans cette déclaration :

    « Il n’est pas vrai que l’homme recherche le plaisir et fuit la douleur : on comprend à quel préjugé illustre je romps ici (…). Le plaisir et la douleur sont des conséquences, des phénomènes concomitants ; ce que veut l’homme, ce que veut la moindre parcelle d’un organisme vivant, c’est un accroissement de puissance. Dans l’effort qu’il fait pour le réaliser, le plaisir et la douleur se succèdent ; à cause de cette volonté, il cherche la résistance, il a besoin de quelque chose qui s’oppose à lui… » (La Volonté de puissance, t. I, liv. II, § 390)

  • Michel Onfray

    Dans le chapitre « Botanique de la volonté de puissance » de l’ouvrage COSMOS, la biologie d’une plante tropicale, le Sipo Matador (liane tueuse), lui « permet d’envisager ce que signifie cette idée forte du philosophe allemand » ; la plante s’appuie sur un arbre et grimpe jusqu’à la canopée où elle peut profiter de la lumière, souvent elle détruit son tuteur « – le tout par delà le bien et le mal » (COSMOS : une ontologie matérialiste, Paris, Flammarion, 2015, 562 p)

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