BàBâR-texte de Christian-rentrée 23

Un texte de Christian sur le Prologue de Jean - Fin août 2023

BàBR 2023-2024/EVANGILE DE JEAN

JEAN 1/1-18 /PROLOGUE/1. CREATION

Retour de Genèse

Vous regrettiez la Genèse ! Avec son Prologue, l’évangile de Jean nous y ramène.

Nous devrions, je pense, y consacrer trois ou quatre séances*.

Pour cette entame, lisons ce qu’évoquent les premiers mots de chacun de ces deux livres :

Au commencement Dieu créa les cieux et la terre,

écrit l’auteur du premier livre de la Bible.

La Parole était au commencement, écrit l’auteur du quatrième évangile,

La Parole était avec Dieu, et cette Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu.

Toutes choses ont été faites par elle et rien de ce qui a été fait n’a était fait sans elle.

1) Tout cela commence donc ainsi

(Genèse : bereshit = au commencement / Jean : én arché = au commencement)

2) Il y a un Dieu qui parle

(Genèse : barah elohim = Dieu créa-parla / Jean : théos én o logos = la parole était Dieu) :

3) D’une parole qui crée

(Genèse : eth hashamaïm weth haaretz = les cieux et la terre / Jean : panta di autou egeneto = tout a été fait par elle)

4) Et dont tout dépendrait

(Genèse : iom hashishi = sixième jour / Jean : en auto zoé én = en elle était la vie)

Le Prologue de l’évangile de Jean (1/1-18) joue le rôle de métarécit par rapport au récit évangélique qui suit. Cela pour informer l’auditeur, le lecteur sur les finalités du récit évangélique, lui donner les moyens d’en connaître l’objet et le déroulement, comme l’explicite Jean Zumstein** qui précise que la fonction du prologue consiste donc à fixer le cadre herméneutique dans lequel le récit doit être lu.

C’est ce rôle de métarécit que jouaient Genèse 1, tout comme tous les textes de Création et autres textes mythologiques, par rapport aux récits historiques du premier testament qui suivent. Le rôle à la fois de mise en perspective générale mais aussi, de façon plus précise de clefs, d’outils herméneutique (de compréhension et d’interprétation).

Sans doute le Prologue n’est-il qu’une analepse externe dans la mesure où toute référence explicite à la création du monde ou aussi à l’histoire d’Israël, est externe à ce qui est par ailleurs explicitement dit ou écrit.

Cependant, méditant ce que chacun de ces métarécits dit et ce que chacun offre comme moyen de compréhension et d’interprétation (j’allais dire :) de toute la Bible, on ne peut que les rapprocher.

En effet, l’un et l’autre révèlent clairement que, d’un bout à l’autre de ce qui est dit et écrit dans toute la grande bibliothèque de la Bonne Nouvelle, il n’y a, à leur connaissance, d’autre commencement (advenue, nouveauté, survenue, vie) qui compte qu’avec la Parole ! C’est-à-dire avec la rencontre, le partage, l’échange, le dialogue.***

Pour l’un comme pour l’autre, la Création serait donc moins une tentative de décrire peu ou prou (selon les connaissances de leurs époques respectives) ce qu’il y avait avant soi, avant qu’il y ait quelque chose, quelqu’un (Ex nihilo ou préexistence), que de témoigner d’un Dieu (Emmanuel = avec nous, ou incarné = fait chair), compagnon de nos existences cherchant avec nous à donner sens à existences, sens qui n’iraient jamais sans la prise en compte de l’autre, pour lui; Dieu comme pour nous.

______________

* Pour cerner un peu mieux cet extraordinaire Prologue, je vous proposerai volontiers, mais vous pourrez me contredire, d’aborder en trois rencontres les thèmes de : L’Incarnation, La Lumière, Le(s) Passeur(s).

** Jean Zumstein, Jésus terrestre dans l’évangile de Jean, in Jésus de Nazareth, Labor et Fides 1998, voir pages 463 et 465

*** C’est, souvenez-vous ce que je suggérais l’année passée, lors d’une de nos toute premières études de la Genèse, avec cette traduction, maladroite : Dieu commença par parler, ou en parlant (bara’, en hébreu, signifie parler de façon conséquente), en parlant à ce (et ceux) qui étai(en)t déjà là (entre autres : tohu wa bohu, tehom), à leur proposer de créer ensemble quelque chose qui ait du sens, qui soit beau et bon, pourquoi pas des cieux, une terre, où chaque chose, chaque être puisse vivre, s’épanouir, devenir ce qu’il est, être apprécié pour ce qu’il est, astre, rivières, arbres, animaux, humains…

Avec mes amitiés, Christian

Toulouse 20 août 2023

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