Bible ensemble : Ep.3,1-13

 

La révélation du mystère

 

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Le texte est centré sur l’évangile (v.6-7) qui consiste dans la prédication missionnaire de l’apôtre, qui dévoile le mystère du Christ. Cette mission, qui est présentée ici comme un ministère, s’étend aux apôtres, aux prophètes, et même aux nations, et sans doute à toute la création. Le contenu de cette prédication, de ce mystère du Christ, consiste dans le salut pour tous, les juifs comme les païens (v.6), ainsi que toute la création. Le texte articule ainsi le mystère au ministère, mais aussi l’économie du salut à celle de la création. Tant le mystère de la révélation que le ministère de la prédication s’enracinent dans la grâce qui a été confiée à l’apôtre (v.2 et v.7).

Explications

v.1 : « Moi Paul » vient de Col.1,23, mais est déjà attesté dans les épîtres authentiques lorsque l’apôtre revendique son autorité (1Th2,18 ; Ga.5,2 ; 2Co.10,1 ; Phm.19).

« Prisonnier » a permis à certains de ranger Ep parmi les épîtres de la captivité et de situer le lieu de rédaction.

v.2 : La grâce constitue le contenu de la révélation. En Rm.12,3, la grâce est la source de l’autorité de Paul. « Une grâce, qui est un don et une mission, a été confiée à Paul en vue du salut des nations. Elle manifeste la puissance qui agit en lui. » (v.7, Bouttier 139)

v.3 : Par une révélation, Paul reçoit la communication d’un mystère: il en devient le dépositaire.

Le mystère du salut ou mystère du Christ est le thème fondamental de la lettre aux Ephésiens. Il s’agit de l’extension du salut à tout l’univers. Le mystère (ésotérique « en moi » au départ) devient exotérique, lié à une mission).

En Christ, Juifs et païens sont réconciliés pour constituer l’Église, un seul Corps (Ep.2,14). Ansi réconcilié, l’univers peut construire un écosystème d’entraide (et non de compétition). D’après notre texte, chez l’humain, l’entraide résulte de la grâce. Mais cette entraide ne construit pas le corps définitif du Christ, qui résultera de la seule initiative divine (Ap.21-22). Cela ne signifie pas que l’humain doive abandonner l’entraide ici-bas, nécessaire pour que le chaos ne reprenne pas le dessus.

v.4 : La grâce (contenu de la révélation) s’exprime par le mystère du Christ. Dans la lettre aux Ephésiens, le mystère du Christ est une révélation dont les conséquences portent sur l’histoire et le cosmos (chez Paul, le mystère signifie la croix et la résurrection du Christ).

v.5 : Le ministère de Paul, d’après l’auteur de la lettre aux Ephésiens, consiste à recevoir, au même titre que les autres apôtres et prophètes du Christ, la révélation du mystère du Christ, caché jusque-là. Le thème du mystère caché vient de l’apocalyptique juive, notamment de Qumran.

Le contenu du mystère est donné au v.6, et son exécution au v.7. Le v.5 dit son origine : révélation de Dieu par l’Esprit.

Les apôtres du Christ détiennent la norme absolue (Merklein) et les prophètes en Esprit les interprètent. Paul est l’exécutant de la transmission de la révélation du mystère, les autres en sont les garants.

v.6 : Voici le contenu du mystère : les païens sont sauvés. C’est l’objet spécifique de l’Évangile selon Paul (trois sun : συγκληρονόμα, σύσσωμα, συμμέτοχα).

C’est le projet de Dieu selon l’auteur de la lettre aux Éphésiens : les païens comme les non païens, et enfin l’univers entier, la création entière, tous sont réunis et soumis au Christ.

L’évangile consiste dans la prédication missionnaire qui dévoile le mystère du Christ.

v.7 : L’auteur rappelle que Paul est ministre de l’évangile de la révélation du mystère. Le mot ministre (Col.1,23.25) remonte à Paul (2Co.5,18).

v.8 : En 2-7, le mystère a été manifesté aux saints, en 8-12 il va l’être aux nations et aux puissances cosmiques.

v.9 : Révélé aux apôtres, le mystère est rendu public par Paul, chargé de sa manifestation dans l’univers. Le ministère de Paul donne à la venue du Christ son extension définitive : la dimension universelle de l’Église est l’expression de l’investiture messianique du Christ.

« Mettre en lumière » (illuminer) est un terme venant de l’apocalyptique juive.

« L’économie du salut et celle de la création, loin d’être étrangères l’une à l’autre, sont contenues l’une dans l’autre. » (Bouttier 147)

v.10 : L’Église « universelle » est l’instrument de la révélation du mystère de la sagesse de Dieu au sein de la création.

Les autorités et puissances célestes sont « les responsables du maintien de la loi juive, gardiens du monde religieux et politique, énergies à l’œuvre dans le cosmos ». « Les parties hostiles de l’univers sont réconciliées dans l’église. » (B 147) Ne pas espérer l’universalité du projet de Dieu revient à croire qu’il y a une limite externe à la grâce de Dieu (Ellul Ap. 255).

La notion de « sagesse infiniment variée » vient de la mystique de la sagesse en Israël : méprisée par le monde, elle trouve refuge dans la maison du peuple élu qu’est l’Église, humanité nouvelle.

L’Homme nouveau, l’humanité nouvelle, rassemblant juifs et païens, esclaves et citoyens, est l’œuvre de la Sagesse divine. Il ne résulte pas de l’effort humain. C’est Dieu qui voit dans l’humain déchu « la dernière parcelle, infime, invisible à tout autre qu’à son amour » (Ellul Ap. 255), non pas le faire de l’homme, ou ce qu’il a été, « mais lui-même, ce souffle ultime que Dieu a aimé » (ibid.).

v.11 : L’expression « selon le dessein éternel » est sans doute à interpréter dans le sens de « selon la manière dont Dieu a agencé les siècles », notamment l’orientation de notre temps en rapport avec le temps à venir.

v.12 : L’expression « par la foi en lui » n’est pas la traduction la plus évidente. L’expression διὰ τῆς πίστεως αὐτοῦ (génitif) signifie d’abord « par sa foi ». La foi du Christ suscite en nous la « confiance » (ici πεποίθησις).

La liberté vient de ce que la grâce ne s’impose pas, mais responsabilise et engage dans le projet de Dieu au service de la création. « La liberté est le visage éthique de l’espérance » (Ellul Ethique et liberté 11).

v.13 : La confiance par la foi du Christ permet de faire face aux afflictions.

Perdre courage (ἐγκακεῖν) signifie d’abord « agir mal ». Ce verbe peut avoir Paul comme sujet : je demande à Dieu de ne pas perdre courage. Il peut aussi avoir les lecteurs comme sujet : je prie Dieu pour que vous ne perdiez pas courage.

Les épreuves de l’apôtre contribuent à la révélation de la venue et de la présence du Messie parmi les nations et dans la création. Cela constitue « l’espérance même de la gloire » (Col.1,27).

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