BÀBÂR : LES TEXTES DE CHRISTIAN – JEAN 9/1-41/MIRACLE !

JEAN 9/1-41

BàBR 2023-2024/EVANGILE DE JEAN

JEAN 9/1-41/MIRACLE !

Parce qu’il est celui des évangélistes qui, de loin, en relate le moins tout en s’en servant le plus comme motif à des développements considérables et variés, ce que l’on peut le constater dans ce chapitre 9 : Jésus lumière du monde, sens du sabbat, distinction entre guérison et pardon, accent mis sur la délivrance de nos maux plus que sur leurs causes, primauté de l’avenir à construire sur un passé idéalisé, préséance de la vie humaine sur les vérités doctrinales, relativisation de la question du mal, et ainsi de suite,

Jean (l’école johannique) peut utilement contribuer à comprendre mieux ce que sont les miracles qui demeurent une pierre d’achoppements pour nombre de croyants qu’ils y voient une preuve matérielle des nombreux et étonnants pouvoirs de l’Esprit, ou au contraire une expression de croyances (dé)passées, voire de superstitions et d’irrationalité.

Nous l’avons déjà dit, pour Jean (l’école johannique), les miracles sont au milieu de tout ce qu’il peut dire de la vie et de l’oeuvre de Jésus, un témoignage d’ordre existentiel, concret, vivant.

Comme d’autres interventions, rencontres, compagnonnages de Jésus, ce sont, serait-ce sous des aspects qui peuvent paraître folkloriques, à tout le moins datés,

des inscriptions de la faveur divine dans l’histoire humaine, dans la réalité de notre monde, et jusque dans notre chair ; ce sont des façons d’évoquer l’Incarnation, la mise en pratique tangible, sensible,  de ce qui est offert par Dieu en Jésus christ ; ce sont des façons de d’attester, de rendre compte de la réalisation de la promesse divine en Jésus christ.

Cependant, et comme dans ce récit de la guérison d’un aveugle-né par lequel Jésus veut amener ses disciples à ne pas deviser indéfiniment sur un malade comme s’il était un cas théologique, religieux, mais d’abord à considérer la personne qui souffre,

et par lequel, cinquante ans plus tard, Jean (l’école johannique) veut amener son église à ne pas se replier sur un passé idéalisé, mythifié, serait-il rehaussé par les figures d’Abraham ou de Moïse, mais avec et en Jésus Christ , à accueillir la vie qui se présente devant elle, et toutes les rencontres qui se proposent à elle,  

les miracles sont également un appel aux disciples d’aujourd’hui à délaisser les jugements moraux et les partis pris théoriques qui retiennent d’avancer, de s’ouvrir, et qui entretiennent les souffrances ; pour regarder devant, considérer ce qu’il y a lieu de faire avec les autres, pour les autres, enfin agir, intervenir, aider, soulager, réconforter, soutenir, servir, respecter, aimer… contribuer à façonner un avenir plus chaleureux, plus fraternel, désirable en tous les cas.

Parce que, avec d’autres manifestations de la vie et de l’oeuvre de Jésus, les miracles, montrent – donnent à voir – qu’une vie vécue autrement est envisageable, jouable, possible. Les miracles sont les paraboles d’une vie renouvelée, transfigurée, re-suscitée, donnée en Jésus le Christ. Pour les autres et pour soi.

Nous sommes devenus les témoins et les victimes de terreurs bien plus atroces que la mort, sans avoir pu découvrir  un idéal plus élevé que la vie,  disait Hannah Arendt, dans Nous autres réfugiés,  Allia 2019.

A la différence de certains milieux évangéliques qui y voient le spectacle des exploits de Jésus et de ses prétendus fidèles disciples d’hier et d’aujourd’hui, Jean (l’école johannique) nous aide à (com)prendre les miracles pour ce qu’ils sont, à savoir des paraboles, qui à la fois témoignent concrètement, explicitement de la Bonne Nouvelle, et appellent de façon pressante à considérer la vie des autres comme de soi.

De même que l’on ne peut ramener les faits et gestes de Jésus seulement à ceux d’un prophète, d’un  rabbi, d’un sectateur du judaïsme, d’un fondateur de religion, d’un leader politique, d’un libérateur national, que sais-je encore, l’on ne peut davantage le ramener à celui d’un guérisseur, d’un exorciste, d’un magicien, aurait-il des pouvoirs décuplés par son ascendance divine : ce qui serait en totale contradiction avec l’Incarnation, avec son humanité – en sarxi (en chair) !

Avec toute mon amitié, Christian (28 janvier 2024)

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