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Un Dieu tout-puissant et utile à notre gloire?Lire Job 1,9 Que signifie servir Dieu pour rien ? Le Satan voulait prouver que Job servait Dieu par intérêt, pour sa vie, pour la vie de ses proches, pour sa santé, pour ses troupeaux… bref pour les bénédictions d’un Dieu utile. Quand est-ce que Dieu nous devient-il utile ? Dieu nous devient utile quand nous voulons qu’il nous bénisse et réponde favorablement à nos convoitises. Sa gloire consiste alors à réaliser notre réussite et notre succès. Cela peut arriver quand nous pensons qu’il comble nos manques et nos limites. Et notamment quand il sert à combler notre manque de sens : « Ma vie est chaotique ? C’est écrit, c’est la volonté de Dieu. » Gloire de Dieu et gloire des images de DieuLire Phi.2,5-9 et Mar.15,34 Quel sens Paul donne-t-il à l’effacement du Christ sur la croix ? Pour Paul, le Christ s’abaisse jusqu’à l’effacement total de sa gloire personnelle sur la croix. Le Christ le fait pour révéler la seule gloire de Dieu, pour dire que tout ce qui est appelé à révéler Dieu ne peut pas et ne doit pas occulter la gloire de Dieu. Pour les Protestants, la devise Soli Deo gloria, à Dieu seul la gloire, signifie qu’aucun objet ne peut ni contenir Dieu ni se confondre à lui. Dieu seul est Dieu, en dehors de lui, rien n’est sacré, divin ou absolu. On se méfie de tout ce qui prétend le représenter et le définir (dogmes, etc.). On refuse à identifier et à assimiler la réalité divine à des signes ou symboles qui nous en sont donnés (espèces eucharistiques, institutions ou instances ecclésiales, etc.). Absence de Dieu et gloire de DieuLire Mar.15,34 et Mar.15,39 Quelle est la gloire révélée sur la croix ? Comment Dieu se fait-il connaître ? Barth disait : « Seul Dieu peut parler de Dieu. » La raison humaine, par son état de nature, ne peut pas connaître Dieu, en raison du péché (Rm.1). Seul le Christ peut nous sortir de cette impasse. En Christ, Dieu se fait connaître à la manière d’un absent. Sur la croix, le Christ dit : « Mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? » « La croix, c’est Dieu qui s’absente de Dieu ; c’est Dieu qui se vide de sa divinité » (LS 26). La résurrection, personne n’est témoin de la réanimation du corps de Jésus (LS 26). L’Ascension, c’est Jésus qui s’en va et qui disparaît. Si Dieu était présent comme du temps de Jésus de Nazareth, on n’aurait pas besoin d’ouvrir les Écritures pour les lire. Comment l’absence de Dieu s’articule-t-elle avec sa gloire ? Bonhoeffer disait : « L’homme a appris à venir à bout de toutes les questions importantes sans faire appel à “l’hypothèse Dieu”… Il apparaît que tout va sans “Dieu” aussi bien qu’auparavant. Tout comme dans le domaine scientifique, “Dieu”, dans le domaine humain, est repoussé toujours plus loin hors de la vie. » (Résistance et soumission p.336). Et c’est une bonne nouvelle. C’est ce que dit Laurent Schlumberger : « En arrachant Dieu à toute possibilité de manipulation humaine, la Réforme a en quelque sorte accompli une œuvre de profanation du sacré. Elle a à nouveau retiré Dieu du monde. Elle l’a délocalisé de toute espèce de lieu, de temps, de personne ou d’instance sacrés. Elle lui a reconnu, et à lui seul, l’initiative de la rencontre avec l’être humain. Voilà pourquoi elle a dit de rendre à Dieu seul la gloire. » (p.32). Cela implique de soupçonner tous les dieux qui nous trompent en faisant croire qu’ils sont utiles. Quels sont les liens entre « la grâce seule » et « à Dieu seul la gloire » ? Parce que Dieu se révèle dans sa grâce seule, nous trouvons le courage d’accepter sa présence subjective dans son absence objective. |